11 août 2011

Chapitre 8 ou toutes les autres traces


Edward soupira, valise en main. La gare était bondée, comme chaque jour de la semaine. Le bruit était étouffant et son bras le lançait douloureusement. Il grimaça quand un homme d’une trentaine d’année le bouscula, lui faisant perdre l’équilibre. Il grogna à l’encontre de l’opportun et avança au niveau de son quai. Le train était déjà là, fumant en préparation du long trajet qu’il allait parcourir.
Le blond se rembrunit, il n’aimait pas les trains : ils étaient inconfortables, bondés et par conséquent bruyants. Mais ils étaient aussi et surtout le moyen de transport le plus étendu et rapide d’Amestris.
Il s’installa dans un wagon plutôt vide et sortit de son sac un carnet en cuir, relié par une petite lanière de couleur brune. Il l’ouvrit et commença à lire cette petite écriture tordu et penchée.
- Tarte à ma pomme de Gracia (elle a l’air vraiment délicieuse),
- Beignet frit de la maman de Kayal (Ed en a mangé des tonnes quand ils l’ont enfin laisser entrer),
- Serpent doré du désert de Lior (même si ça à l’air un peu bizarre), 
- Jus du raisin du verger blanc de NorthCity (Ed m’a dit que c’était alcoolisé, je me demande comment il le sait), 
- Bouillie de riz de Slum (plus pour la compagnie de ceux qui y vivent que pour la bouillie en elle-même)
Il renferma avec précaution le carnet au moment où le sifflet de la locomotive retentit.


La gare de Resembool était un lieu on ne peu plus commun dans la région de l’est : une plateforme de bois, attenante à un bureau, le tout vide de toute occupation, hormis la vendeuse et en ce jour un homme blond, de taille moyenne, portant un manteau brun.
-Sergent Bloch ?
Alors qu’une jeune femme descendit du train à peine arrivé, le susnommé sursauta et un sourire éclatant apparu sur son visage, de petites larmes d’émotions s’accrochèrent dans ses cils et dans un vibrato plein d’émotion s’écria :
-Sous lieutenant Roooooooooooooooooss, comme je suis heureux de vous revoir. J’ai eu tellement peur quand vous êtes morte, j’ai cru que j’allais jamais vous revoir. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir découvert que vous étiez en vie.
Agenouillé devant la jeune femme, le sergent ressenti comme une douleur vive en haut de son crâne, il leva les yeux vers sa supérieur et la trouva la main en l’air (suite à la baffe qu’il devait s’être pris) les yeux fermés par l’exaspération qu’il lui inspirait. Elle n’avait pas changé. Mis à part un bronzage plus prononcé peut être.
-Est-ce que vous savez ce que l’on fait ici ? demanda t’elle en essayant de retrouver son calme.
Le militaire se releva et sortit d’une de ses poches une lettre qui était adressé au Sous-lieutenant. Elle l’ouvrit et la lu consciencieusement.
-C’est un ordre de mission de la part…, elle relu plusieurs fois la signature afin de s’en assurer, du Général de Brigade Mustang. Il nous demande d’inspecter la région sud et de consigner tous les évènements et les informations possibles.
-Pourquoi nous faire passer par cette ville ?
-« Vous devrez également effectuer un état des lieux de la région Ishval, de préférence anonyme et discret. Une fois votre mission achevée vous déposerez vos rapport au (adresse de l’immeuble d’Ed). Vous disposez de l’aide du Sergent Bloch et des fonds nécessaire à vos besoins. », lu la jeune femme. C’est quand même étrange.
-Est-ce que nous ne sommes pas sensé être sous la responsabilité du Major Amstrong. ?
-En tant que Général de Brigade, il possède la capacité de réquisitionner les officiers qui sont d’un grade inférieur à Lieutenant, quelque soit son affectation.
-Plutôt pratique. Alors qu’est ce qu’on fait ?
-Je ne sais pas, réfléchit la plus gradé. La zone Ishval est plutôt vaste, la visiter de fond en comble est impossible. Il est signifié qu’un état des lieux doit être fait …
-Resembool se situe à l’extrémité est du chemin de fer. Nous sommes à environ deux semaines de marche de la frontière, soit quatre bons jours de marche de notre objectif. Quoiqu’il en soit nous ne serons sûrement pas les bienvenus.
-Il est encore tôt, devrions nous partir aujourd’hui ?
-Sans vêtements de rechange ni nourriture ? ironisa la jeune femme.


-Tu es encore dehors ?
La verdure des champs s’étendait à perte de vue. Au milieu de cette uniformité, une petite tâche de couleur respirait l’air chaud de l’après midi rejointe par son amie de toujours.
-Ca m’a tellement manqué. Je ne m’imagine plus vivre sans respirer l’air du vent ou bien marcher en foulant la terre de mes pieds nus. Je revis chaque fois un peu plus. Je ne sais si je dois bénir ou maudire ces six ans de coma ; j’ai l’impression d’être plus en vie maintenant, de profiter entièrement du monde.
-Attention à ne pas prendre de coup de soleil quand même, averti son interlocuteur. Et le docteur a dit que tu ne devais pas faire trop d’effort, tu te souviens ?
-Oui.
Le vent balaya les semis et répandit sur des centaines de mètres l’odeur de l’herbe fraîche. Submergé par les sensations l’adolescent tentait de garder les yeux biens ouverts pour profiter du spectacle, de respirer l’odeur suave et d’enfoncer ses doigts dans la terre sèche tout en les enregistrant dans un coin de sa mémoire.
-On reviendra demain n’est ce pas ?
La jeune femme arbora un sourire rassurant.
-Bien sûr.