10 janvier 2011

Chapitre 1 ou celui qui s'arrête de courir


Il la voyait enfin se refermer. Tout était fini. Enfin. Il était tellement soulagé. Son cœur battait la chamade, comme s’il avait couru trop longtemps et il s’étonnait presque de n’être ni essoufflé ni d’avoir un point de côté. Cette réflexion le fit sourire, depuis le temps qu’il courait derrière l’espoir, il l’avait enfin rattrapé. Déjà l’éclatante blancheur qui l’entourait disparaissait, il ne sut si le rire qui assourdissait son ouïe lui appartenait ou si c’était la Vérité qui, dans un lointain écho, se moquait de sa pitoyable victoire.
Mais il n’en avait cure, Alphonse avait enfin retrouvé son corps, Winry serait là pour lui et enfin ils pourraient se reposer. Un mince filet de noirceur s’échappait encore à travers l’interstice, comme une ombre de son passé s’accrochant au rouge de son manteau.
Il avait le regard d’un fou et le rire d’un dément. Tout son corps tendu vers ce qui aurai dû être le ciel, les mains raidies vers l’infini, ses muscles bandés dans un dernier effort ; c’est ainsi qu’il s’évanouit enfin, s’enfonçant dans la douce et froide quiétude du devoir accompli.
Resembool avait toujours été un village tranquille et même deux trublions comme les frères Elric n’avaient pu distordre ce calme surprenant. Tous les habitants avaient connu les fils de Trisha et nombreux étaient ceux qui avaient assisté à son enterrement ; cependant ils étaient plus rare à savoir pour sa tentative de résurrection. Très exactement il y en avait deux, deux femmes au caractère aussi fort que leurs protégés. Par une nuit aussi pluvieuse que celle-ci, bien des années auparavant, elles avaient dû faire appel à tout leur courage lorsqu’une armure portant Edward avait débarqué chez elles en les suppliant de le sauver.
Alphonse était depuis toujours un garçon discret qui préférait les mots aux poings, contrairement à son frère. Certains y aurait vu de la faiblesse mais ses proches savaient que cela dénotait d’une étrange sagesse bien enfantine compensant la maturité exagéré de son alter ego.
Aussi quand ce soir là, ce fut un Edward mi-paniqué mi-fou de joie qui défonça presque la porte par son empressement, portant dans ses bras le corps décharné de ce qu’aurai dû être Alphonse au même âge, elles hésitèrent longuement entre le rire et les pleurs.
L’enfant était en sous alimentation évidente et les cernes qui creusaient ses joues marquaient un manque de sommeil flagrant. Pressé par la situation Pinako le mit sous perfusion et appela un médecin de toute urgence tandis que la jeune femme blonde s’occupa de calmer et de tirer des informations de l’alchimiste de métal.
Son corps entier se convulsait de façon régulière en de longs frissons incontrôlable, le regard inhabituellement fixe vers le sol, il était perdu entre sa raison et autre chose. Winry prit peur, peur que là il était il n’entendrait pas sa voix  ; alors elle prit tout ce que son courage lui confia et le gifla le plus fort qu’elle le pu.
Ses pupilles dilatées se fixèrent sur elle avant de se remplir de larmes. Des larmes de soulagement, de joie.
-C’est fini, Winry, murmura t’il en relâchant toute la pression accumulé dans ses muscles, je l’ai ramené.
Dans une impulsion désespéré il la pris dans ses bras et pleura durant de longues minutes.
Trois jours s’étaient écoulés et l’humeur de la maison s’égayait au rythme des respirations du malade. L’énergie que dégageait son aîné faisait pâlir jusqu’aux pompes hydrauliques des automails en formation alors qu’il avait visiblement dormi bien moins que son quota habituel. De la même façon son appétit avait diminué de façon hallucinante. Il expliqua au moins vingt fois à son amie d’enfance que cela confirmait la théorie selon laquelle son corps et celui d’Alphonse avait été en contact étroit pendant leur voyage.
 Si au début les deux femmes virent sa vitalité d’un œil conciliant elles finirent par très vite s’en énerver et le forcèrent à sortir toutes ses journées, de façon à ce qu’il se dépense le plus possible. Mais ces ballades forcées le contraignirent à réfléchir sur les récents évènements, sur l’alchimie, sur la Vérité et sur Alphonse.
Sur l’échange équivalent.
Une certaine morosité revint parasiter l’humeur joyeuse dont il s’était drapé. Et petit à petit, au fil des jours, il se remémora ces quatre années de recherches, de souffrances, de courses effrénées…
Le soir du cinquième jour il repensa avec une certaine affection à la jeune mécanicienne qui l’attendait, pourtant il devrait le lui dire un jour prochain.
Al aura besoin d’elle, de toute sa force et de tout son courage. Il devait lui dire avant qu’il ne se réveille, avant que son bonheur ne disparaisse totalement.
Quelque part au fond de son cœur une voix manifestait avec force contre cet air paisible qu’il gardait constamment comme un parfum les embaumant, lui et son entourage. Dans une poche de son si grand manteau rouge, un billet de train unique attendait d’être composté : direction Central.
La situation était cocasse quand on ne la vivait pas. Après tout il avait consacré toute sa vie à son jeune frère.
La porte de la maison ne lui avait jamais paru aussi lourde que dans la lumière du soleil couchant. Evidemment l’entrée était vide, elles devaient être soit dans leur bureau respectif soit auprès d’Alphonse. Il aurai préféré mille fois se tromper.
-Ed !!! Tu es enfin de retour ! Alphonse vient de se réveiller.
La voix était enthousiaste, trop au vue de la situation. Le blond voulu effacer, détacher, effriter ce dernier soupçon d’espoir qui le maintenait immobile dans la grande salle à vivre plutôt que de se précipiter vers son petit frère. Il marcha avec une lenteur qui avec le recul lui paru exagérée. La chambre se trouvait à l’étage, proche de celle de Winry. Elle était bleue, d’un joli bleu anthracite, un peu écaillé dans les coins où quelques dessins d’enfants se rejoignaient pour créer un monde dont seul la mémoire appartenait aux présents de cette pièce. Les meubles en bois étaient semblables à tous les meubles un peu anciens de la maison : usés par le travail des mains sur leur épiderme, taillés par une pièce métallique trop brutalement prise ou reposée. La fenêtre laissait voir aussi clairement qu’elle le pouvait le paysage verdoyant et paisible, tranchant en quatre parties strictement égales la vitre transparente.
Au milieu de tout ça reposait le corps blanc et amaigri d’un jeune homme, châtain aux yeux noisette un peu pétillant et un peu perdu, qui discutait avec mami Pinako. Quand il vit Winry arriver ses iris redoublèrent d’intensité.
-Voilà Ed, annonça t’elle, inconsciente de ce que cette simple phrase impliquait.
Le blond resta immobile de longues minutes flirtant entre la tristesse et l’indécision. Ce fut finalement son cadet qui résolu le problème, tranchant sans remord tout ce qui aurai pu encore rester debout après plusieurs jours d’interrogation.
-Winry, qui est ce ?
La bombe était lancée.
La jeune femme trop stupéfaite n’eut pas le temps de réagir que déjà il répondait, expliquant avec application toute l’histoire savamment inventé par ses soins.
-Je suis ton médecin Alphonse, dit il avec une douceur un peu crispé, c’est moi qui me suis occupé de toi pendant ces cinq dernières années.
-Je ne comprends pas.
Le châtain n’avait pas besoin de feindre l’ignorance, son génie de frère avait déjà évalué la direction que prendrait cette discussion au moment où il avait reprit pieds avec la réalité, ici, à Resenbool.
-Nous sommes le 21 Avril 1916, Alphonse.
-Non, nous sommes en mai 1910.
La tête de Winry valait son pesant d’or et Pinako ne devait pas avoir meilleur mine mais il devait continuer, lui expliquer sa version des faits.
-Notre… Ta mère est morte il y a sept ans Alphonse, elle a été enterrée. Tu t’en souviens n’est ce pas ?
-Oui, mais …
-Ed, qu’est ce que tu lui racontes ? Intervint enfin la vielle mécanicienne.
-Il doit savoir, expliqua fermement Edward, c’est important pour lui.
Il dû y mettre toute la force de sa volonté car elle ne posa pas de nouvelle question et la blonde près de lui garda le silence.
-Tu es à ton tour tombé gravement malade, cela à duré très longtemps et finalement tu es tombé dans un profond coma. Winry et Pinako ont décidé de te garder chez elles car elles étaient persuadées que tu allais te réveiller un jour.
-D’où vous les connaissez ? Demanda son petit frère un peu effrayé par sa familiarité.
Son aîné enleva alors son gant droit et dévoila son automail, pour une fois intact.
-J’ai eu un grave accident il y a deux ans, et elles m’ont remise sur pieds. Est-ce que tu me crois Al…phonse ?
-Je suis fatigué.
Il ne niait pas, c’était peut-être bon signe. Ce n’était pas ce que disait la lame qui s’acharnait à laminer son cœur de bas en haut et de gauche à droite. Sa main tremblait, il en aurai juré.
Si l’adolescent avait été plus réveillé il aurait remarqué les fautes, les incohérences, les gestes, les visages de ceux qu’il connaissait mais il était si fatigué qu’il se rendormit avant même d’avoir touché l’oreiller.
C’est à ce moment que son amie d’enfance réagit, elle tira brutalement le blond hors de la chambre et lui demanda des explications avec de grands cris. Il n’eut pas besoin de dire un mot, la grand-mère s’en chargea à sa place.
-Il t’a oublié, complètement et irrémédiablement.
-C’est peut-être à cause du choc, tempêta la jeune femme, le traumatisme !
-Tu ne comprends pas, répliqua doucement Ed, c’est le prix qu’il a payé. Que nous avons payé. L’échange équivalent.
-Où tu vois de l’équivalence ? Sans toi il est comme privé d’un bout de lui, tu ne peux pas laisser faire ça ! Réapprend lui qui tu es ! Fais quelque chose avec l’alchimie !
Le militaire soupira, il savait que ce serait toujours plus difficile avec elle, qu’elle se battrait pour lui, jusqu’à ce que l’un des deux ne craque.
-Non Winry, c’est impossible. Il m’oubliera à nouveau et plus important encore, il en deviendrait fou, que quelqu’un se démène ainsi pour une raison inconnue de lui seule, il finirait par tous vous haïr de ne rien lui dire. Mais le fait de lui raconter ma simple existence lui fera tout oublier de nouveau. C’est comme ça, c’est tout.
-Je ne peux pas l’accepter !
-Tu ne veux pas, c’est différent. Je sais bien qu’il n’approuverait pas, qu’il m’en voudrait de ne pas essayer au moins, mais je l’ai vue entièrement Winry. La Vérité. Et je sais que ce serait impossible de lui rendre sa mémoire même si je possédais la pierre philosophale.
-Et toi ? Qu’est ce que tu vas faire sans lui ?
Ses larmes coulaient, amères, comme toutes les larmes qu’il ne verserait jamais. Ou peut-être un jour lointain.
-Je retourne à central, je dois quitter l’armée ; trouver un logement et un travail…Je dois continuer à avancer, comme nous l’avons toujours fait lui et moi. Pourtant cette fois ce ne sera pas sur le même chemin.
La doyenne l’interrompit, visiblement ennuyé par un détail.
-Il y a quelque chose qui cloche dans ce que tu dis. L’armée ne laissera jamais un Alchimiste aussi talentueux dans la nature. Qu’est ce qui te dit qu’ils te laisseront partir ?
-Ils n’ont plus aucune raison de me garder, répondit Edward avec un faux sourire.
-Comment ça ? demanda la mécano.
Déjà la grand-mère avait les yeux écarquillés.
-On a tous un prix à payer Winry, Alphonse m’a oublié, moi et les quatre années où nous avons parcouru Amestris, il n’a aucun moyen de se souvenir à nouveau de ceux qu’il a rencontré ou combattu… Ou même sauvé.
-Et toi ?
L’adolescent haussa négligemment les épaules.
-Ce n’est pas un prix aussi exorbitant si ça peut te rassurer…
-Ta capacité à faire de l’alchimie, éclaircie la vielle femme sombrement.

source :http://images.ados.fr/bd-manga/photo/hd/4595300459/fullmetal-alchemist/ed-al-winry-1248790c7d.jpg
 blabla de l'auteur : petite précision que j'aurai sans doute du éclaircir dès le début... Cet univers s'appuie à la fois sur les mangas et sur le premier anime, de plus j'y mêle ma sauce, c'est donc normal que certains évènements soient incohérent avec la version originale. Autre chose, pour ceux qui ont vu et terminé les Brotherhood (ce qui est mon cas) je n'ai pas vilement plagié l'auteur en enlevant l'alchimie d'Ed, en fait... j'avais eu cette idée avant de découvrir que... ce n'était pas seulement mon idée. On peut dire que c'est du plagiat par anticipation. Anyway, qu'en avez vous pensez?

Préface ou blabla de l'auteur

Il y a longtemps que j'ai entamé cette fanfiction et j'ai à coeur d'avoir d'autres avis que moi même à ce propos, c'est pourquoi je la soumets à un lectorat inconnu.
Ca ne fait qu'un autre blog de plus parmi d'autres à propos de Full Metal Alchemist :p
Les Warning d'usages :
cette fic traite de relation homosexuelle masculine entre deux personnages (je vous laisse deviner lesquels) merci de laisser vos commentaires désobligeant sur le sujet au placard (quoi que certains feraient mieux d'en sortir, bref). Il y aura sans aucun doute des passages à caractère sexuel mais ça n'est pas pour tout de suite (loin de là).
Pour ce qui est du reste je tenterai autant que possible de redonner les liens des diverses images, séries, films, chansons, livres, anecdotes qui m'ont inspirés. N'hésitez pas à faire des commentaires sur le style d'écriture, les fautes (et je sais qu'il y en a beaucoup), ou tout autre remarque tordue (ou non) qui vous viendrais à l'esprit en lisant ceci.


Je vous souhaites à tous et à toutes une bonne lecture, en espérant que cela vous plaise.
Sandra