12 septembre 2011

Chapitre 9 allers et retours

-Tu as une tête de déterré.
A peine descendu du train le blond se senti submergé par la foule ambiante. Après plusieurs mois dans la solitude de la frontière Nord le retour à la Capital était plutôt douloureux pour ses oreilles. Devant lui son subordonné le détaillait avec attention, comme s’il cherchait une anomalie dans son allure.
-C’est ta façon de me souhaiter la bienvenue ? ricana le plus jeune.
-Non, tu as vraiment une sale tête.
L’ancien alchimiste ne put réprimer une grimace. Il annonça qu’il avait eu beaucoup de travail.
-Est-ce que ça a été concluant ? demanda Havoc.
-On peut dire ça, grogna le blond. Tu es venu seul je suppose. Quelles nouvelles depuis mon départ ?
Ils firent quelques pas afin de s’écarter du brouhaha ambiant.
-Tu ne t’arrêtes jamais de travailler ?
L’adolescent poussa un long soupire.
-Penses-tu que ce crétin me permettrait d’en faire moins ?
L’handicapé grogna quelque chose qui resta inaudible à son supérieur, puis il sortit de sous une de ses jambes inertes un petit carnet à la couverture bleue.
-En parlant de lui, voici le moindre de ses faits et gestes.
Edward s’empara de la chose et l’ouvrit distraitement.
-Je suppose qu’il m’a cherché ?
-Au premier jour du deuxième mois. Comment le sais-tu ?
Il laissa échapper un petit ricanement, fier de lui.
-Je commence à percer son raisonnement. Tu as les carnets sur toi ?
-Jusqu’à ce que ma cave soit aménagée oui, répondit l’ancien militaire. Tu ne t’inquiètes pas de l’accueil qu’il te réserve ?
Le blond rangea les carnets que son homme de confiance lui donna dans sa sacoche et répondit négligemment que la seul chose qu’il risquait c’était quelques cris et un peu de résignation.
-Est-ce que tu n’en fait pas trop ?
Il leva les yeux au ciel.
-Je te l’ai déjà dit, je paye ma dette. Rien de moins, rien de plus. L’appuie que je reçois n’est du qu’aux circonstances. Tu comptes rester à Central encore longtemps ?
-Je ne sais pas encore. Après cette visite chez ce bon vieux docteur Knox j’ai plus ou moins été obligé de rester dans le coin au cas où il me re-convoquerai pour une visite. En fait, merci pour ça. Je suis passé le même jour que le Major Amstrong et il est resté des heures à pleurer en me serrant dans ses bras tout en me disant que je n’allais pas mourir.
Central était étonnamment vide aux abords de la gare. On était en début août et aucun écolier ne vadrouillait dans les rues en mal d’activité, aucune boutique n’était ouverte, aucun agent de police ne surveillait le quartier.
Edward fronça les sourcils. Ce n’était pas normal tout ce calme. Il se préparait quelque chose.
-Hey, se vexa son interlocuteur, est ce que tu m’écoutes ? Ou est ce que tu es retourné dans ta planification si compliquée ?
-Tu babilles Havoc, éclipsa l’adolescent, ça n’a rien de très important. Peux-tu me résumer ce qu’il s’est passé pendant mes deux mois d’absence ?
-L’amendement sur la réduction du budget militaire est passé avec 164 voix pour, 33 voix contre et 3 abstentions. Ils ont décidé de fermer des dépendances qu’ils jugent inutiles, privilégier la police de proximité plutôt que les casernes de campagne, ce genre de chose.
-Précipitant des milliers de personne au chômage.
-Je n’ai eu que de brèves nouvelles de la part du Sous Lieutenant Ross et du Sergent Bloch. Leur rapport ne devrait plus tarder maintenant. Le Généralissime à fait un discours quant à sa volonté de ne pas reproduire les erreurs passées.
-Histoire d’amoindrir son rôle social.
-Il semble que les Isvhals aient décidés de reconquérir leur terre, entrainant quelques luttes dans l’Est. Selon les journaux ça reste mineurs. Est-ce que tu boites ?
-Non je ne boite pas.
Arrêtant ses roues et dévisageant gravement l’adolescent qui lui faisait face l’ancien militaire confirma sa remarque.
-Havoc, répliqua un peu sèchement son supérieur, j’ai passé quatre jours dans un train inconfortable et cahoteux. Mes membres sont engourdis et fatigués car je reviens d’une région glaciale où mes jointures ont subi toutes les différences de températures imaginables. Maintenant considère que depuis mes douze ans je porte un automail et que j’ai voyagé un peu partout dans ce pays. Je sais où sont mes limites. Si on pouvait avancer, j’ai du travail à terminer avant de rentrer chez moi.
Impressionné par la saute d’humeur de son vis-à-vis l’handicapé débloqua ses roues et suivis la silhouette droite et raide de son patron. Il le connaissait depuis longtemps maintenant et il savait à quel point le gamin pouvait être attachant quand il se laissait un peu aller. Mais depuis qu’Alphonse n’était plus à ses cotés il était hermétique à tout contact social. Il ne pouvait imaginer le quotidien, aussi bref fut il, avec le Général de Brigade Mustang. Il avait peine à reconnaitre le garçon enjoué et débrouillard qui portait son fardeau avec une certaine élégance (sauf quand il piquait ses crises monumentales à propos de sa taille). Lui-même ne se sentait pas le courage de le secouer et de lui arracher un de ses sourires insolent et supérieurs.
-Je pense que tu vas avoir plus de difficultés avec le Général de Brigade que tu ne le crois.
-Pourquoi ça ?
Son agacement semblait dissipé et une réelle curiosité pointait dans sa voix.
-Il était furieux de n’avoir aucune nouvelle de toi.
-Ce n’est pourtant pas la première fois. D’autant que ce n’est pas vrai, j’ai laissé un mot, le prévenant de mon absence.
Pour une fois ce fut Havoc qui ricana.
-Ca explique pourquoi il a attendu le deuxième mois avant de se mettre à ta recherche…
Un long moment de silence plus tard ils arrivèrent au bâtiment qu’ils occupaient ; toujours aussi gris, toujours aussi accueillant. Ils prirent l’ascenseur, fauteuil roulant oblige, et atterrirent au dernier étage. Aussitôt les portes ouvertes les ordres fusèrent de la bouche du cadet.
-Scieszka, le rapport 8076 sur mon bureau. Want, trouvez moi le dernier bilan financier de cette année dans la section recherche et développement. Havoc, retourne à ton bureau et extrait les informations les plus pertinentes de ça.
Il lui tendit une liasse de feuilles, reliées entre elles par des attaches bigarrées.
-Qu’est ce que c’est ?demanda t’il en les posant délicatement sur ces genoux.
-Les premiers rapports de la section Nord du réseau de Miles. A partir d’aujourd’hui nous allons recevoir des missives contenant des nouvelles fraichement collectées de la part du Général de Division Amstrong. J’ai son entière collaboration à ce propos.
Quelques regard impressionnés plus tard, le blond était accoudé à son bureau la tête empli de calculs tous plus complexes les uns que les autres. Cette négociation, bien que relativement rapide pour les circonstances (elle n’avait durée que deux semaines tout le reste du temps ayant été utilisé pour modifier un peu le réseau de Miles avec le principal intéressé), ne s’était pas faite sans heurt, ni sans sacrifice. Olivier Amstrong exigeait pour sa « reddition » complète à Mustang une contribution monétaire très importante. Pas pour son profit personnel mais pour l’investissement de la section recherche et développement. 8% du budget final, c’était réellement énorme, compte tenu qu’il pesait actuellement 3%.
On ne pouvait pas manipuler cette femme, tout ce qu’on pouvait faire c’était résister à sa dureté suffisamment longtemps pour acquérir son respect. Ensuite seulement elle écoutait vos revendications.
Elle n’avait pas posé de question à propos d’Alphonse ni de son alchimie disparu et aussi étrange que fussent leurs conversations Edward devait bien reconnaitre qu’elles l’avaient en quelque sorte apaisé. Briggs était une forteresse de glace où personne n’était soi-même. Il fallait être fort en toute circonstance et tous les soldats portaient ce fardeau sans broncher. On ne lui demandait pas comment il allait à tous les croisements et ça, plus que tout, c’était rafraichissant.
-Toujours pas de nouvelle de l’Ouest ? demanda t’il soudainement.
-Non Boss. On est aveugle et sourd là-bas.
Brusquement, l’adolescent tira un de ses tiroirs vers lui et en sortit un petit papier froissé. Il jeta un rapide coup d’œil à l’horloge et calcula rapidement le temps qu’il lui faudrait pour revenir.
-Est-ce que les trains ont changé leurs horaires ?
-Euh, non.
Il réunit précipitamment quelques papiers, les fourra dans sa sacoche et sortit de la pièce sans autre explication. Il eu juste le temps d’entendre pester son second derrière lui.
-Est-ce que quelqu’un à une idée de où est ce qu’il va ?
Sa destination n’était qu’à une ou deux heures de la capital et il serait rentré pour la soirée, il était encore tôt et le soleil ne se couchait que dans cinq heures. Il ignora les pulsations de sa jambe et couru jusqu’à la gare, un peu essoufflé il du attendre que toute la queue lui passe devant avant de pouvoir acheter son billet. Il atteignit son wagon in extremis et c’est avec un sourire satisfait qu’il s’assit sur la banquette inconfortable.
L’adrénaline disparaissant peu à peu son sourire se transforma en grimace. Il massa sa cuisse douloureuse et déporta son attention sur le paysage qui défilait très lentement. Il profita du calme pour fermer les yeux. Somnoler le ferait tenir un peu plus longtemps, il étudierait la paperasse au retour.

3 août 1916
Ai retrouvé Darius et Heinkel aux abords de Central, ils aident à la reconstruction de certains camps Ishval.
Proposition construction réseau Ouest ?
Réponse Positive

 Merci de votre soutien cher lecteur et à dans un mois!!!

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